Le bruit du chienDe retour d’un concert de jazz, dans un petit bar du centre-ville, je rentre chez moi dans la nuit noire et froide. Pas de circulation, pas de passants, les seuls bruits sont ceux de ma bicyclette, de mon souffle. Dans une zone domiciliaire, quadrillage froid de blocs mornes, je ralentis pour tourner et obliquer vers le nord. À l’entrée du carrefour que l’éclairage blafard des lampadaires fait paraître encore plus mort, j’entends le chien qui approche. Le bruit caractéristique des griffes d’un chien, d’un gros chien, que l’on retient au bout d’une laisse, et qui piétine, dérape, en tirant sur son collier. Quand je coupe le centre du carrefour, j’entends également ses halètements, j’imagine un filet de bave coulant de sa mâchoire. Je relance ma machine et pédale dans la nuit pendant de longues minutes, sans rien voir, incapable de faire autre chose que pédaler et penser : |